jeudi 22 mai 2008

Scène de la vie ordinaire

Scène de la vie ordinaire

C’est une journée ordinaire où comme toujours dans la jungle algéroise il faut conduire en faisant attention aux autres. A ceux pour qui le code de la route est une lointaine référence qui ne revient à l’esprit qu’à la vue du gendarme. Dans les moments d’arrêts, plutôt fréquents, elle observe les passants et perçoit dans les expressions matinales cet énervement national latent qui ne cherche qu’un prétexte pour exploser. Gestes brusques, regards durs, grommèlements véhéments et, à de rares occasions, de vrais éclats de rires. La routine d’une ville qui étouffe chaque jour un peu plus. Puis, elle l’a vue. Pas très loin du ministère de la justice. Un hidjab élimé, marchant, droite comme un i mais portant un enfant visiblement pesant, des yeux vides, sans désespoir. Sans espoir non plus. La femme ploie sous le poids de l’enfant, mais elle n’attend rien de personne, elle ne regarde personne. Elle marche, continue de marcher. Puis, s’arrête pour demander un renseignement à un homme qui fait un geste vague en direction du nord. Le trafic reprend, la femme dans la voiture s’approche. Où se rend-elle ? Elle cherche le chemin pour se rendre au Champ de Manœuvres. La portière de la voiture s’ouvre. La femme s’escrime avec son bébé pour monter. Pourquoi est-elle si loin de chez elle ? Ce n’est qu’ici, à Birtraria, qu’elle a trouvé un médecin qui s’intéresse au cas de l’enfant, malade depuis sa naissance. Elle y vient en bus. « Il va lui faire une radio, Allah Ykathar Kheirou ». Elle lui  dit cela avec une nuance de gratitude en regardant droit devant elle, comme surprise d’être là. Pourquoi n’est ce pas son mari qui s’occuperait de l’enfant ? Elle ne répond pas tout de suite, puis elle dit : « Il travaille, chez les gens ». Elle confie cela avec douceur, presque avec tendresse. Un instant fugace dans un visage déjà marqué par la fatigue et l’usure. Elle n’a que 25 ans mais sous son Khimmar délavé, elle parait plus âgée de 30 ans. L’enfant n’est pas très propre. Elle n’a pu lui faire sa toilette ; là où ils vivent, il n’ya pas d’eau courante. Elle habite Hammadi. Juste à coté. Elle ne se plaint pas. C’est la vie. « Ceux qui ont de l’argent possèdent des citernes et ramènent de l’eau ». Pas eux. Le peu d’eau qu’ils parviennent à rapporter ne suffit pas. Pas à faire de vraies toilettes. La conductrice propose de la déposer sur la route moutonnière où elle pourrait prendre le bus qui dessert Hammadi. Elle s’affole, elle ne connaît que le point de départ du 1er mai. Mais elle finit par être convaincue. Elle sait lire l’arabe et pourra déchiffrer la destination. A l’entrée de la route à grande circulation, la conductrice constate, alarmée, que la femme n’a pas passé la ceinture de sécurité. « Attention, les policiers vont me retirer le permis, il faut mettre la ceinture ». La femme s’affole, elle ne comprend pas. La conductrice explique ce qu’il faut faire, mais elle n’y arrive pas. La conductrice arrête la voiture sur le coté et essaye de l’aider à mettre la ceinture. Elle finit par la verrouiller, tant bien que mal. Le véhicule redémarre, au bout d’un moment la femme et l’enfant sont déposés à l’arrêt du bus. Des gens attendent. Au moment de descendre, elle s’emmêle encore une fois avec la ceinture de sécurité. Elle remercie la dame. Puis d’une petite voix, elle avoue : « je ne suis jamais montée dans une voiture ». Pas même pour ton mariage, interroge la conductrice ? Non, pas même pour son mariage.
Ahmed Selmane

samedi 17 mai 2008

Les modérés, les radicaux et la Nakba selon G.W. Bush …

Les modérés, les radicaux et la Nakba selon G.W. Bush …

Par Saïd Mekki

Que s’est-il passé le jour de la commémoration du soixantième anniversaire de la Nakba ? Dans le silence assourdissant des officiels arabes, des palestiniens ont lancé dans le ciel des ballons noirs. Pendant que le président des Etats-Unis souhaitait un joyeux anniversaire à Israël, Mahmoud Abbas, enfermé dans un processus estampillé américain mais fondamentalement israélien, prononçait un discours pathétique d’impuissance. La solitude des palestiniens est totale. Dans la chronique non-officielle, ce qui sera probablement consigné, au delà de la glose du propos présidentiel, c’est la physionomie et le body-language de George W Bush lors de son discours devant les parlementaires israéliens. Toute la gestuelle traduisait de manière troublante l’expression de sentiments viscéraux à l’endroit de ceux qui résistent encore dans le monde arabe, du Hamas au Hizbollah. Entre deux grimaces et pour la forme - pour sauver la face de ses alliés arabes « modérés » ? – il a rapidement évoqué l’éventualité, sans cesse reportée aux calendes grecques, d’un Etat palestinien. Sans exprimer la moindre mansuétude à l’endroit de ce peuple chassé de sa terre, spolié et massacré, il a annoncé, au contraire, que trois cent millions d’américains – vraiment ? – se tiennent résolument aux cotés des sept millions d’israéliens. Sans doute, pour réduire définitivement les victimes au silence et imposer le diktat pour l’éternité.

Sur un ton pastoral, inaugurant un rôle de prédicateur habité, entre exaltation et illumination, le président américain a aussi livré sa vision du futur régional. A une sérieuse exception près – Israël, démocratie dominante – qui ne souscrirait au tableau idéal du Moyen-Orient dans soixante ans dépeint par George W. Bush devant la Knesset ? Il est plutôt difficile en effet, sauf pour ses propagandistes et au prix de douloureuses contorsions analytiques, de faire passer une organisation coloniale d’inspiration religieuse pour un Etat démocratique. Mais, outre cela, qui serait opposé à l’annonce du triomphe des libertés et des lumières de Rabat à Karachi, du Caire à Bagdad en passant par Ryad, Alger, Damas et toutes les cités, des plus populeuses aux plus modestes, de l’arc arabo-islamique ? Dans soixante ans…En dehors des régimes et de leurs clientèles perfusées à la rente pétrolière, la démocratie, l’Etat de droit et la citoyenneté sont le rêve commun des peuples arabes. Ce qui se révèle involontairement et ironiquement paradoxal dans l’homélie pathologique de Jérusalem est que les alliés dictatoriaux de Monsieur Bush sont précisément les adversaires les plus résolus de cette modernisation politique, les propagateurs les plus enthousiastes de l’archaïsme religieux, les théoriciens les plus acharnés de l’oppression des femmes, des amputations punitives et de l’intolérance violente. Il ne faut pas chercher bien loin pour identifier ceux qui ont propagé les conceptions les plus réactionnaires, les plus médiévales, les moins conformes à l’esprit originel de la religion des musulmans. C’est bien dans les territoires de la « modération » politique qu’est né et s’est développé l’extrémisme terroriste.

Les bons et les mauvais

Dans leur représentation tragique de l’univers, les faucons américains divisent les arabes en deux catégorie : la mauvaise, celle des « radicaux » et la bonne, celle des « modérés ». Ceux qui suivent les instructions de Washington sont bien sur les modérés…Mais que signifie cette modération médiatiquement honorée quand les palestiniens se font massacrer, quand Gaza est affamée, en permanence bombardée, quand même la proposition de paix du Roi Abdallah entérinée par le sommet de Beyrouth est accueillie avec dédain ? Les modérés qui n’apprécient pas vraiment les trublions « radicaux » ont eu le temps de tirer le bilan de leurs concessions et de constater que plus leurs offres tendent vers l’abandon pur et simple, plus elles sont ignorées par les américains. En bonne logique, ces dirigeants devraient constater que la « modération » n’a pas donné de résultat et devraient au moins s’abstenir de dénoncer la résistance faute d’avoir le courage de la soutenir. Le nouveau Moyen-Orient modéré de Madame Rice et des neocons est un Moyen-Orient israélien fragmenté et subalterne, dans lequel les palestiniens devront se résoudre à vivre dans des bantoustans, tandis que leurs frères de l’exil devront faire le deuil sans rémission de leur droit au retour, pourtant reconnu par les résolutions de l’Onu. Le camp de la « modération » figé dans cette impasse, mais, intériorisant l’échec, n’en déduit pas rationnellement que la résistance est non seulement légitime mais est nécessaire et doit être soutenue. En l’espèce, ce défaitisme assumé est l’expression politique accomplie de l’absence de volonté autonome. Ainsi, les palestiniens sont seuls en effet. Si hier encore, le monde bipolaire obligeait à un soutien minimal du combat des palestiniens, aujourd’hui, les régimes voient d’un très mauvais œil la résistance, par trop synonyme de contestation du désordre établi, et s’en remettent totalement aux Etats-Unis. Lesquels sous influence sioniste-chrétienne et néoconservatrice sont plus que jamais alignés sur les intégristes israéliens. Autrement dit, les Etats-Unis souhaitent imposer leur vision idéologique du monde par tous les moyens, et d’abord par la force brute. Quelle est donc cette puissance dont l’action ne se fonde pas sur le droit mais sur des représentations théologiques ? Que reste-t-il du magistère moral qu’elle prétend incarner?

Modération et soumission

Le Président Bush, après avoir adopté une posture prophétique en Israël, s’est rendu en Arabie saoudite pour parler, semble-t-il, de la menace iranienne, de la montée des périls perse et chiite. D’augustes cénacles arabes très modérés écouteront attentivement le président américain défendre la nécessité d’une nouvelle guerre pendant qu’Israël tue tranquillement des palestiniens. Mais les cauchemars des potentats ne sont pas ceux de leurs peuples, loin s’en faut : la résistance victorieuse du Hizbollah de l’été 2006 a été ressentie de l’Atlantique à l’Asie centrale et à l’océan indien comme la résistance victorieuse des pauvres, des déshérités et des exclus face à un ennemi injuste, arrogant et armé jusqu’aux dents par les puissances occidentales. Alors, quid de la « modération » dans son acception impériale ? Ne s’agirait il pas au fond d’un autre mot pour la soumission devant les délires idéologiques du groupe qui contrôle la première puissance mondiale? Devant la Knesset, l’alternative a été réitérée de façon inquiétante par le président Bush. Face au même arbitraire et au même déni, entre obédience et opposition, il n’y a pas effectivement de troisième voie.

mercredi 14 mai 2008

Saison de la migration vers n'importe où

Saison de la migration vers n'importe où

Par Ahmed Selmane

« Nous quittons la ville pour la laisser aux policiers ». Les habitants de Redeyef, en Tunisie, en colère après la mort par électrocution d'un jeune gréviste, ont failli mettre en application cette intention coupable. Beaucoup d'entre eux, excédés, ont pris leur baluchon et entrepris d'aller vers un ailleurs non identifié, vers un autre nulle part, sans trop de policiers espéraient-ils. Sagement, les membres du comité de grève qui dirigent le mouvement de contestation dans les bassins miniers de Gafsa leur ont demandé de renoncer à cette initiative migratoire. La trouvaille était géniale, inattendue, mais troublante et par trop radicale. Et peut-être plus contagieuse que la grève et l'émeute. Ne plus se battre avec des pouvoirs autistes, ne plus offrir des têtes trop dures à la matraque, ne plus entendre la voix éraillée du représentant officiel chanter la joie de vivre sous la direction éclairée du Grand Leader local, laisser la ville aux bénéficiaires de l'ordre absurde en attendant de leur laisser le pays, et partir… N' importe où. Quel programme subversif ! Les régimes s'accommodent de l'émigration clandestine - la harga - car elle est fondamentalement – mais pour combien de temps ? - un acte personnel, un mouvement solitaire même si pour des raisons pratiques on s'entasse à plusieurs dans la même douteuse embarcation. Mais ces citoyens de Redeyef sont tellement inventifs – une créativité visiblement stimulée par l'exaspération – qu'ils ont décidé de la collectiviser. Les syndicalistes qui activent dans la perspective de la satisfaction de quelques revendications élémentaires ont réagi vivement. On les comprend… Non seulement ils risquaient de voir disparaître leur base sociale mais ils pouvaient de surcroit être accusés d'incitation au vagabondage de masse ou à l'émigration clandestine. Mais la décision inaccomplie des habitants de Redeyef risque de marquer une étape inédite dans les luttes sociales au sud du monde. Face au verrouillage généralisé et à la conception très particulière de la démocratie, que reste-t-il comme moyen d'exprimer ses désaccords, par quel moyen pourrait on faire valoir ses arguments ? La violence étant un choix par définition écarté et l'option politique par essence impossible, il ne reste que la soumission à l'ordre établi et la résignation, silencieuse de préférence, sporadiquement entrecoupée d'émeutes. Les jeunes qui n'ont qu'une mémoire dubitative des actions collectives, ont, pour les plus désespérés d'entre eux, choisis de mettre les voiles par tous les moyens possibles. Chacun pour soi et vogue la galère ou plutôt la coquille de noix, le radeau amélioré ou la barcasse disjointe. On le sait, pour beaucoup l'aventure finit tragiquement dans les abysses glacés d'une méditerranée sur la voie de l'union, parait-il. Mais au sud, la situation n'évoluant guère, la pression démographique aidant, il y a fort à parier que la harga artisanale et individuelle cédera la place un beau matin à des voyages bien plus organisés. Des quartiers, des villages et - pourquoi pas ? - un jour des villes entières embarqueront vers n'importe quel ailleurs mythifié pourvu d'échapper à la perspective perpétuelle d'une réalité matraqueuse. Les peuples changeront d'air et les régimes seront satisfaits d'être débarrassés de leurs rétives populaces. Reste à voir comment ces transhumances seront accueillies par l'ailleurs imaginé …

- Celui que la passion de vivre n'a pas étreint

S'évapore dans l'air de cette vie et disparaît.

- Malheur à celui qui n'est pas passionné par l'existence

Il sera frappé par le néant vainqueur.

C'était un autre tunisien, le grand Abû al-Qâsim al-Châbbî, qui a écrit ses vers. Il parlait d'une autre Tunisie, celle où les hommes ne prennent pas leur baluchon pour aller sur les chemins de la désespérance, vers ailleurs et n'importe où.


14 mai 2008

Le trou noir

Le trou noir

Par Ahmed Selmane

Comment se renouvellent les élites politiques ? Par la démocratie, bien sur. Qu’est-ce que la démocratie ? C’est l’existence d’une scène politique ouverte et pluraliste où les électeurs se chargent, à partir de leurs besoins et de leurs convictions, d’arbitrer librement par les élections entre des partis, des hommes et des programmes en concurrence dans l’accès au pouvoir. C’est cette concurrence qui favorise la circulation des élites. Il n’existe pas de « tare » culturelle algérienne – ou arabe et africaine – qui expliquerait l’absence de circulation des élites politiques. Ce n’est pas une question d’âge, c’est une question de système. Les démocraties non « spécifiques » fonctionnent sur le principe que les acteurs politiques sont comptables de leurs actions et leur mandat est régulièrement mis en jeu. Elles sont constamment en « crise » dans le meilleur du sens du terme : l’existence d’un arbitrage populaire, d’une opinion publique et de médias diversifiés fait que le changement des hommes et des idées est une donnée permanente. Les structures politiques, pouvoir comme opposition, sont dans l’obligation d’aller vers les citoyens arbitres. Un système démocratique s’énonce, par principe, comme imparfait. Le changement est au cœur de la vie démocratique, la « conservation » est au cœur du système autoritaire ou des démocraties spécifiques. Le système politique qui s’organise sur le principe de la conservation et du refus du changement se prive des flux qui viennent de la société et évolue vers une dégénérescence. Le « relifting » qui élève des bureaucrates, par cooptation, au statut d’hommes politiques de substitution n’est pas une solution au problème car il est destiné à prolonger le système et non à le changer.

Pathologie du système

A partir de ces constats basiques – et avérés dans l’histoire des systèmes politiques – il y aurait une certaine incongruité à se lamenter sur l’absence d’une « classe politique » ou d’un « changement des élites politiques » alors que ce qui permet l’existence d’une classe politique et de son renouvellement n’existe pas. Abdelhamid Mehri le constatait récemment dans un entretien au journal l’Expression : « Le pouvoir actuel, en tant que système de gouvernement, a fait son temps. Son architecture et son fonctionnement tendent à éviter ou limiter la démocratie et non à la construire ». Officiellement, l’Algérie est dotée d’une multitude de partis et de journaux et des élections y sont organisées régulièrement. Mais le fait que cela ne génère pas un renouvellement dans les idées et les hommes relève d’une pathologie du système. Des hommes politiques et des militants politiques de grande qualité existent en Algérie mais leur émergence est une quasi-impossibilité dans un système entièrement tendu vers la conservation et sa perpétuation. Il y a une question démocratique non résolue qui rend illusoire l’émergence de nouvelles élites politiques de qualité. Le niveau d’abstention lors des élections est un indicateur : de très nombreux algériens n’accordent aucune crédibilité au jeu politique actuel et à ses acteurs. L’absence d’une scène politique démocratique fige les choses aussi bien au niveau des institutions élues qu’au sein des partis politiques. « La sphère politique et son principal outil, l’information, sont soumis, en Algérie, depuis des décennies, à une gestion administrative d’autant plus pesante qu’elle est occulte et donc non responsable » explique M.Abdelhamid Mehri qui souligne que « le champ politique est jonché de victimes consentantes ou résignées. Les militants des partis politiques et des organisations sociales connaissent parfaitement cet état de choses. Ils constatent, désarmés, que la sphère politique est réduite, en dépit des qualités et des mérites des hommes qui s’y activent, à fonctionner comme un produit dérivé de la gestion administrative et non comme émanation de la dynamique sociale ». Dans un modèle classique en sciences politique David Easton, présente le système politique comme une boite noire qui reçoit des demandes (input) de l’environnement (la société) et les traduits en action (ouput). C’est la démocratie qui permet au système de fonctionner car il en permanence solliciter par la société à changer, à s’adapter et à se renouveler. Dans un système fermé, la boite noire devient un trou noir où les demandes de la société se perdent… A un certain niveau de dégénérescence, la société renonce à s’adresser à la boite noire… Elle s’exprime en dehors du système, par l’émeute par exemple…

13 mai 2008

Mandouze est parmi nous

Mandouze est parmi nous

Par Ahmed Selmane

La bibliothèque augustinienne d’André Mandouze est à Alger. Elle a été inaugurée lundi au centre d’études diocésain en présence de ses deux filles et de nombreux algériens, musulmans, chrétiens ou agnostiques. Les chercheurs algériens qui s’intéressent à Saint Augustin pourront désormais consulter une bibliothèque patiemment construite durant des décennies par un maître qui a, par delà la mort, décidé qu’il voyagerait encore en Algérie, parmi les algériens. En ces temps stupides où des canards en mal de thèmes persistent à inventer des guerres aux motivations obscures, André Mandouze est, par ce qu’il a été et par ce qu’il est encore, un prodigieux rappel pour les croyants et les incroyants. Cet homme de la Résistance au nazisme est venu chez nous, en 1946, sur les traces de Saint Augustin et il est devenu algérien. Totalement. Il aurait pu s’enfoncer dans le travail académique, mais ainsi qu’il le dit lui-même, « savoir renoncer au moins provisoirement à ses « chères études » fait partie de la carrière d’un homme libre ». C’est en homme libre, en résistant et en chrétien, qu’il a saisi d’emblée l’absurdité de l’ordre colonial. Et il l’a combattu, sans hésitation. L’homme libre s’est pris de passion pour l’Algérie et pour les algériens. L’homme libre disait ouvertement ce qu’il pensait et à la faculté d’Alger, où il devait parler après une grève d’étudiants algériens, les ultras ont préparé la corde où il devait être pendu haut et court. Menacé de mort, il est forcé par les autorités coloniales à quitter l’Algérie. Mais l’homme libre continuera de Strasbourg à dire ce qu’il pense et il se retrouve à la prison de la santé pendant 45 jours pour soutien à la rébellion. Emprisonné pour l’Algérie, c’est un avec l’Algérien Augustin qu’il gère son temps carcéral et nargue les bien-pensants de l’époque. « Sans doute suis-je partial, je l’admets, car je ne peux toute de même pas oublier que – dans ma « solitude pour l’Algérie » au cours d’un engagement visant à ce que les lointains descendants d’Augustin puissent retrouver, dans leur pays, la dignité – je veux dire dans la prison où me jetèrent durant quarante jours quelques irresponsables qui prétendaient diriger la France en 1956, sans doute, dis-je, je ne puis oublier le puissant réconfort, ou plutôt toute la libération que m’a apportée, toute la liberté que m’a assurée, dans la cellule de ma prison, la lecture approfondie du traité augustinien de De l’Ordre, d’un ordre sans commune mesure avec nos petits rangements et arrangements, d’un ordre qui pour moi abolissait, comme aurait dit Mounier, le « désordre établi », d’un ordre qui implique et qu’explique Dieu … ».

Mandouze l’augustinien, donc l’algérien, est revenu à Alger. Il a été une opportunité pour de nombreux algériens d’exprimer leur solidarité à ces chrétiens d’Algérie, qui sont dans le droit fil de l’engagement d’un Mandouze ou d’un Duval, qui vivent leur foi dans l’engagement social et dans le partage. A ces chrétiens, que des musulmans humbles connaissent beaucoup mieux que les scribes qui radotent sur les complots imaginaires, Mandouze, nous a donné l’opportunité de leur dire qu’ils sont bien nos frères.

Des siècles de bouches cousues

Des siècles de bouches cousues

C’était en 2002, un an avant que la « Civilisation » ne débarque en Irak. Il faisait très chaud à Baghdâd et nous déambulions dans la rue Al-Moutanabi, au milieu des étals de livres et d’une foule de lecteurs en goguette. La planète n’était plus bipolaire, elle était déjà nettement binaire : blanc ou noir, avec Bush ou contre lui. Pour notre ami H. qui n’aimait ni Bush, ni Saddam, le monde était devenu encore plus petit. Grâce à son entregent, nous avions pu, à la barbe des officiels, partir vers Najaf et Karballah et découvrir, des gens, simples et bons, qui se battaient contre l’adversité et qui regardaient parfois le ciel où, ils le soupçonnaient, se cachait une lourde menace.

A la veille de notre départ pour Alger, dans un café de la même rue Al Moutanabi, H m’a remis un petit livre, un vrai livre de poche de 15 cm sur 10, pratiquement fait à la main, avec une couverture jaune et un papier lui aussi déjà jauni. Il avait dit simplement : « voilà quelque chose qu’il faut lire ». Dans l’avion du retour, j’ai lu. Un nom inconnu pour moi, Abdel-Amir Jaras et des poèmes, courts et perturbants. « Je suis passé par des siècles de bouches cousues.». Les poètes ont cette capacité à trouver des raccourcis qui disent et troublent. Abdel-Amir Jaras, fils de solitude et d’amertume, n’a pas fini de me perturber.

Un de ses poèmes me hante toujours, il parle pour nous, de nos communes fragilités, intrinsèques et presque ataviques.

«Nous nous sommes réveillés une fois

Et nous n'avons pas trouvé le pays.

Il nous a été dit :

Le pays a ramassé toutes ses affaires,

Il les a rassemblées arbre par arbre,

Fleuve par fleuve,

Et il est parti au loin.

Nombreux sont les pays

Qui ne trouvent pas de lieux

Nombreux sont les pays qui songent à fuir de la carte.»

Arbre par arbre, fleuve par fleuve. Homme par homme. Depuis, j’ai appris que Abdelamir Jaras avait erré de pays en pays, dans des conditions épouvantables, avant d’arriver au Canada et de mourir bêtement dans un accident de vélo. Il avait trouvé une terre vaste, neuve, mais l’arbre était, peut-être, déjà mort en s’arrachant à sa terre si inclémente…

Comme des millions d’irakiens, mon ami H, après avoir subi trois ans de Civilisation américaine aussi absurde que criminelle, s’en est finalement allé dans un lointain ailleurs. Il a eu le temps de faire la part des choses. Il ne déteste plus autant Saddam, il exècre davantage Bush. Un autre arbre est parti. De son exil européen, il est constamment connecté, par Internet, sur son pays. J’ai quelques inquiétudes pour lui. En effet, un irakien qui utilise un clavier arabe pour parler avec les arbres qui sont restés là-bas, c’est immédiatement suspect et cela pourrait lui valoir des ennuis. Les yeux vigilants de la Civilisation pourraient ne pas comprendre son entêtante nostalgie.

C’est H encore qui m’a signalé le nom d’un autre arbre irakien. Il se nomme Hassan Juma'a Awad. Il dirige l'union des syndicats des travailleurs du pétrole en Irak et se démène, comme un beau diable, contre la « loi sur le pétrole » approuvée par le gouvernement de la Zone verte.

Cette loi que les envahisseurs veulent faire adopter, c’est l’objet de la guerre, le butin ultime. L’arbre Hassan Juma’a Awad, dont le syndicat, né sous l'occupation américaine a pris une orientation de plus en plus patriotique dans un Irak poussé aux confrontations fratricides, est un perturbateur. Pensez donc, empêcher le vrai but de la guerre s’accomplir et dépasser les faux clivages, pour qui se prend-il, ce Juma’a ? Qui est-il donc pour oser aller contre les désirs impérieux de l’Empire et la soif de pouvoir des imbéciles et des félons? Un arbre. Un arbre, fragile, qui est resté et qui essaie de parler malgré les siècles de bouches cousues. En cette veille du 1er mai, je pense à ces arbres irakiens qui sont partis et à Juma’a qui se bat contre Goliath. C’est sur, des forêts repousseront en Irak…

Ahmed Selmane


Le Maghreb : cinquante ans d’attente

Le Maghreb : cinquante ans d’attente

Le Maghreb est en attente depuis, au moins, cinquante ans. La conférence de Tanger du 27 avril 1958 qui a regroupé les partis nationalistes maghrébins, l’Istiqlal marocain, le Néo-Destour tunisien et le FLN algérien, a donné un contenu à l’idéal maghrébin. Le journal Le Monde titrait : « La Conférence de Tanger préconise : la création d’un « gouvernement algérien », une assemblée consultative du Maghreb, l’appui de Rabat et de Tunis au FLN ». Si l’indépendance de l’Algérie, déjà inéluctable à cette époque, la perspective maghrébine dessinée à cette conférence reste en attente. Pour les anciens militants, c’est une blessure et un énorme reste à réaliser. Les choix politiques et économiques, très différents, qui ont été fait au moment des indépendances ont éloigné la perspective. On se souvient de Houari Boumedienne, défendant un « Maghreb des peuples » par opposition à un Maghreb des Etats. Sauf que la réalité, encore valable à ce jour, est celle d’une faiblesse des sociétés civiles par rapport aux Etats. L’impulsion maghrébine, en raison même du déficit démocratique des différents régimes, ne pouvait venir que des Etats. Le conflit du Sahara Occidental, apparu au milieu des années 70, allait devenir un élément de plus entravant la marche maghrébine alors même qu’au plan des doctrines économiques ne sont plus devenues antagoniques. Quand l’Union du Maghreb Arabe a vu le jour, le 17 février 1989, à Marrakech, beaucoup ont caressé l’espoir d’un retour à l’esprit fondateur de la conférence de Tanger. Un an auparavant, le 10 juin 1988, les cinq chefs d’Etats avaient institué une Grande Commission qui a mis sur rail cette Union du Maghreb arabe. En 1989, au moment du lancement de l’Union du Maghreb Arabe, le conflit du Sahara Occidental avait 14 ans. Cela signifie que les chefs d’Etats présents à Marrakech n’ignoraient pas qu’un problème se posait entre les aspirations des sahraouis à l’indépendance et les prétentions marocaines sur le Sahara. Le pari maghrébin se fondait sur le postulat que la question du Sahara Occidental ne devait pas constituer une entrave à la construction de l’UMA.

Le pari perdu de l’UMA

19 ans après cet évènement historique de Marrakech, l’Union Maghreb est moribonde, très loin de l’esprit visionnaire de Tanger. Le pari sur une dynamique maghrébine qui transcenderait le problème du Sahara Occidental est perdu. Le niveau des relations entre les deux plus grands Etats du Maghreb, l’Algérie et le Maroc, n’est pas même pas « normal ». La question du Sahara Occidental a été, coté marocain, un ferment du renouveau de la sainte alliance nationaliste autour de la monarchie. A quelques rares exceptions, comme le mouvement d’extrême gauche, les forces politiques marocaines ont de la récupération des « provinces du sud » une question nationale vitale. L’idée d’une séparation entre la question du Sahara Occidental et la construction de l’Union Maghreb s’est heurtée rapidement à l’approche marocaine. Les choses se dégraderont davantage en 1994 à la suite de l’accusation, infondée, lancée par le Maroc à l’encontre des services algériens au sujet de l’attentat de Marrakech. Le Maroc a instauré le visa pour les Algériens, l’Algérie a répondu par l’instauration du visa et la fermeture de la frontière terrestre.

Le coût du non-maghreb

Quand rien ne va entre les deux pays les peuplés du Maghreb, la machine ne peut que se bloquer. Il est devenu pratiquement impossible de réunir un Sommet de l’UMA, le dernier a eu lieu à Tunis les 2-3 avril 1994. Un sommet prévu en 2005 à Tripoli a été reporté à la dernière minute. Aujourd’hui, cinquante après, on ne peut que constater que les difficultés de la construction du Maghreb sont liées à celle de la démocratie. Alors que les pays maghrébins ont signé, dans la dispersion, des accords d’association avec l’Union Européenne, les échanges économiques entre maghrébins peinent à dépasser les 3% des échanges extérieurs de chacun des pays concernés. Des économistes ont fait des calculs sur le coût du non-maghreb : une perte de 1 à 2% de croissance par an pour chaque pays. Certains estiment que le manque de croissance atteint 3%. Pour avoir une idée de l’ampleur du manque, il faut savoir que 1% représente plus de 10 milliards de dollars de valeur ajoutée par les pays maghrébins.

Ahmed Selmane

27 avril 2008

Karl Marx, le come back

Karl Marx, le come back


Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, les temps sont américains. Les idées aussi. Les idéologies sont mortes, nous a-t-on dit, et la fin de l’Histoire est au coin de la rue. L’ordre est accompli. Surtout n’invoquez pas ce dénuement du plus grand nombre qui fait la prospérité d’une arrogante minorité de nantis, vous passerez pour des inadaptés, des ringards. Exit Karl Marx, la lutte des classes, exit le rappel des réalités, vous n’êtes plus « in ». Un autre Karl, Rove pour le nommer, ancienne éminence grise de Bush, a énoncé la quintessence des temps présents : « lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité ». L’Empire, le marché et le capitalisme mondialisé l’ont emporté sur les citadelles du socialisme bureaucratique liberticide… C’est fini, y a plus rien à voir sur le marché de l’histoire. Le seul ennui est que la nouvelle réalité, c’est l’ancienne en plus noir.. Amplification accélérée des inégalités entre le nord et le sud de la planète, fracture sociale croissante dans les pays du nord, dégradation des équilibres écologiques et crise alimentaire internationale, conflits, famines… La magie d’un marché n’opère pas, la « main invisible » est une chimère et la Réserve fédérale américaine, comme dans un vulgaire état « dirigiste », refile l’argent du contribuable à la Morgan pour racheter la Bear Stearns en quasi-faillite… Des notions qui semblaient avoir été jetées dans la décharge de l’histoire commencent à revenir dans les discours et analyses d’hommes politiques, de syndicalistes et d’intellectuels. Qui aurait pensé, après l’usage tordu qui en a été fait par les « démocraties populaires », que la notion d’impérialisme connaîtrait une nouvelle fortune ? Ah, cette bonne blague qu’on nous offrait aux dépens des ringards sur la « kasma de Bir Ghebalou dénonçant l’impérialisme…. ». Charmant, n’est-ce pas ? Mais comment qualifier les expéditions militaro-pétrolières, le bellicisme assumé des néo-conservateurs sans revenir à cet impérialisme qu’il ne faudrait plus ni voir, ni nommer… ? Si Karl Marx est mort, la réalité reste marxienne. « Le capitalisme porte la guerre comme les nuées portent l’orage » disait Jean Jaurès, la formule résonne avec une formidable actualité. Bien sûr, on vous invite à vous recentrer sur la « guerre des civilisations », sur le « péril vert », mais vous pouvez constater, en prenant vos aises avec la pensée dominante, que pour les déshérités de ce monde, la domination par les armes et la désinformation permanente est la forme contemporaine de la lutte des classes, de la guerre des riches contre les pauvres. C’est en cours, Marx est de retour et on le revisite, dans un monde encore plus dangereux qu’hier, en le dépoussiérant, en en faisant l’inventaire. Un ami qui a rencontré, il y a quelques mois, la chef de file du mouvement marocain El Adl Wa El Ihsane, Nadia Yassine, m’a raconté sa surprise de l’entendre dire : « le primat de la raison et de la justice se référent naturellement à ma culture, mais la démarche d’analyse politico-économique objective est, pour moi, l’apport décisif de Marx ».

N’en déplaise aux gourous de Wall-Street, l’Histoire est loin d’être achevée… De l’Amérique du sud à l’arc arabo-musulman en passant par l’Afrique - les prophètes de salles des marchés et leurs nouveaux philosophes propagandistes ne l’ont pas prévu – Marx, que l’on pensait irrémédiablement ruiné par les méfaits des apparatchiks et de leurs épigones, se trouve des héritiers inattendus.

Ahmed Selmane

23 avril 2008

PROMESSES D’AVRIL

PROMESSES D’AVRIL

Est-ce parce qu’il est plein de promesses que le mois d’avril commence toujours par un gros poisson ? Si vous êtes nés le 27 avril en l’an IV de la révolution algérienne, que vous-vous sentez déjà fourbu sans être peinard, c’est que vous avez la cinquantaine mauvaise, avec ses tonnes de dépits, le lumbago qui pointe et le corps qui bedonne. Vous regardez peut-être les jours passer avec cette molle vigilance qui vous pousse, non plus à espérer, mais juste à vérifier que rien ne va comme prévu ; que les lendemains ont définitivement déchanté pour les quinquagénaires : ils ont, au mieux, une expertise à donner, mais en règle générale ils sont au service de gérontes. Ce qu’ils partagent avec les jeunes ? Juste, la mentalité harraga, le passage à l’acte en moins. Si vous cherchez, vous découvrirez que vous êtes né dix jours après le début de l’Exposition universelle de Bruxelles, évènement que beaucoup de belges s’apprêtent à en commémorer le souvenir. Vous pourriez dire que la Belgique est un pays problématique divisé entre Wallons et Flamand. Mais pour peu que vous abandonniez votre mauvaise foi de quinqua blasé, vous savez déjà que le plat pays est dans l’Europe et que cela relativise grandement le problème. Par contre, j’entends déjà vos sarcasmes quand vous saurez que quelques semaines avant votre naissance, le 1er février 1958 pour être précis, le président Gamal Abdennasser a annoncé la création de la République arabe unie, RAU pour les intimes, regroupant l’Égypte et la Syrie. Ah, le panarabisme ! Cinquante ans plus tard, c’est quoi donc, la République de Nasser ? Un président qui approche les 80 ans et qui se prépare à laisser la place au fiston, cela doit bien correspondre à votre humeur de cinquantenaire « m’diguouti ! ». Peut-être vous sera-t-il plus plaisant d’apprendre que le mois suivant votre naissance, Cannes a accordé la palme d’or à « Quand passent les cigognes », film du réalisateur soviétique Mikhaïl Kalatozov. Un film poignant. Mais je vous voir venir : heureusement que Kalatozov a eu la bonne idée de se tirer de ce monde en 1973 et qu’il n’a pas assisté à l’effondrement de l’Union soviétique qui nous a laissé si dépourvu ! Votre humour reviendra-t-il si l’on vous rappelle qu’au cours de ce même mois de mai, Mao, le grand timonier, a lancé le « Grand bond en avant » qui devait permettre à l’économie de « marcher sur les deux jambes » et de rattraper la Grande Bretagne en 15 ans. Il a fallu attendre cinquante ans, l’abandon du purisme maoïste, mais la Chine a bien fait le grand bond en avant et laisse la Grande Bretagne loin derrière. Heureux, les cinquantenaires chinois, ils en ont vu des choses. Il y en a eu beaucoup d’autres, mais le 27 avril 1958, au jour de votre naissance, des militants nationalistes étaient réunis à Tanger et ont fait une grande promesse de Maghreb. Cinquante ans plus tard, à votre anniversaire, vous n’allez quand même pas dire un « bof » de vieux, le Maghreb c’est une idée jeune. Que faire ? Rêvons donc d’une association algéro-marocaine des natifs du 27 avril 1958 s’offusquant que les relations entre les deux pays ne soient même pas normales ! Les algériens du 27 avril 1958, du haut de leur cinquantaine fatiguée, pourraient dire, malgré Yazid Zerhouni, ce que l’écrasante majorité des algériens pensent : la frontière fermée, c’est absurde ! Les quinqua marocains pourraient aussi dire, ce que les officiels marocains répugnent encore à dire : pardon, on s’est complètement planté en accusant les services algériens de l’attentat de Marrakech en 1994. Quinquagénaires du Maroc et d’Algérie, bougez vous donc, cessez d’attendre quelque chose des chefs, la promesse d’avril 1958 ne peut quand même pas attendre cent ans !

Ahmed Selmane

14 avril 2008