Par
K.Selim
Il
parait qu’il faut en parler impérativement même si c’est un non-évènement. Le
parti du FLN a un candidat aux élections présidentielles. Il ne reste plus qu’à
attendre que le candidat désigné par le parti qu’il préside se charge des formalités
administratives pour que la messe soit dite. Le fait que le secrétaire général
du parti FLN échappe à la désignation des militants est secondaire dans un pays
où l’on a réduit la politique au formalisme bureaucratique. La prochaine
élection présidentielle aura donc lieu en son temps et elle se déroulera comme
une formalité. A moins que la biologie et les aléas propres à l’humain n’en
décident autrement, on ne changera pas de tête, et de toute façon on ne changera
pas de système. Le sentiment d’urgence n’existe que chez quelques minorités
éclairées. Chez une « petite bourgeoisie journalistique » précise un
observateur avec humour. Pour le reste, il y a suffisamment d’argent dans les
caisses de l’Etat pour occuper les élites et calmer les autres. Le changement, nous
dit le système dans tous ses compartiments, ce n’est qu’une vieille lubie de
réformateurs des temps difficiles qui voulaient faire basculer le pays dans un
autre logique, plus vertueuse, plus créative. Des réformateurs qui continuent,
jusqu’à ce jour, à être perçus comme des « traitres » au système qu’ils
auraient cherché à subvertir en douce. Pour ceux qui s’inquiètent, à juste
titre, d’un avenir pas si lointain qui ne risque pas d’être sauvé par le mirage
du schiste, ce changement que l’on retarde, une fois de plus, risque d’être
lourdement payé. L’Algérie a moins de pétrole et elle n’a toujours pas
d’économie, elle a des riches, elle n’a pas d’entrepreneurs, elle a des
universités partout, elle a peu de scientifiques. L’Algérie à des dizaines des
partis, on n’y fait toujours pas de politique, celle qui consiste à débattre
publiquement des questions du présent et surtout de l’avenir. Dans le jeu sans
subtilité de la fausse politique qui est imposé aux algériens, on a des
fonctionnaires qui font l’éloge du chef en critiquant, accessoirement, ses
ministres. On a, c’est devenu le tic des fonctionnaires, des chiffres creux
destinés à habiller de faux bilans. Les ministres peuvent changer, mais pour
que rien ne change aux ministères. Et de manière subliminale, on rappelle que
la tentative de changement en Algérie a provoqué la décennie de sang. Tout
comme cela se passe actuellement dans d’autres pays arabes. L’avenir, c’est du
passé ! Tant qu’il y a encore des arguments fossiles… on fossilise les
esprits. Cela arrange pas mal de monde
au fond. Ceux qui importent et ceux qui leur vendent ne sont pas mécontents que
les choses demeurent en l’état même si régulièrement – comme un salafiste obtus
s’offre régulièrement une menace chiite fantasmée dans un canard trash - on
fait mine de s’alarmer de la facture des importations. Le commerce extérieur a
été et demeure une des voies par excellence de la captation de la rente et il y
a bien une corrélation entre la tendance du système à dissuader la production.
Au sens large. La production des biens comme celles des idées. Les capacités de
réflexion du système se sont émoussées au fil des ans, ses capacités
d’anticipation encore davantage. Endormis sur le matelas de devises, les
tenants du statuquo sont satisfaits de savoir que les réformateurs
« sournois » qui voulaient changer le système en catimini et
pacifiquement ont été vaincus. C’est vrai. Le FLN de Saidani en est la preuve.
Le système a gagné, les voies de l’avenir sont obstruées. La « grande
décision » du FLN est bien un non-évènement à coté de ce blocage
historique.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5190513
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