Lundi 14 octobre 2013
Un
vide rempli de riens
Par K.Selim
La vie politique reste plombée par l’incertitude sur les intentions
du pouvoir. Pas de candidats déclarés,
ni même de lièvres assumés. Tout est plat comme l’attente dans une antichambre.
Une vieille habitude nationale d’un pays où tout défie la norme par la grâce
d’un fonctionnement pernicieux du système. On a eu un Conseil des ministres de
dernière minute et puis… plus rien. Les formes sont sauves. On peut envoyer la
loi de finances 2014 aux députés. Pour le reste, tout le monde est forcé
d’attendre que cela se décide dans la stratosphère où les «grands
électeurs » se cherchent un « consensus » dont les termes
restent obscurs. Dans un système qui a complètement achevé d’enterrer les
avancées des réformes post-octobre 88, ce serait un prodigieux progrès de
connaitre sur quelles questions se « cherche » le consensus. Sur quel
cap, sur quel projet… Même réduit au rang de « spectateurs » forcés,
les Algériens auraient appréciés d’être « légèrement » informés sur
la manière dont les « grands décideurs » conçoivent la marche de
l’Algérie dans le proche et moyen avenir. Il faut bien le constater : on
ne leur permet même pas d’être spectateurs ! Le système distribue
peut-être l’argent de la rente, mais il n’émet rien. Absolument rien. On
essaie, poussivement, de faire d’un match de football un évènement. Le summum
semble en effet être atteint avec la tentative de présenter la diffusion à la
légalité très controversée du match avec le Burkina par la télévision publique
algérienne, comme un sursaut nationaliste. De la frime car on sait que si la
chaîne Al Jazira engage une procédure judiciaire, l’Algérie payera plus cher
que si elle avait acheté les droits auprès de la chaine qatarie. Mais comme il
s’agit de plus en plus de remplir à tout prix le vide, nous voilà donc conviés
à admirer le « geste » de l’unique. La facture viendra, mais qui s’en
soucie ? On l’a dit, le système
distribue. Il n’émet rien. Probablement parce qu’il n’a rien à émettre, piégé
en définitive par sa propre impasse. Les acteurs périphériques, ces éternels
« animateurs » rétribués en
charge généralement de placer les « ballons sondes » ou d’indiquer,
même vaguement, une direction sont en panne d’infos. Ils tournent en rond. Comme
des épouvantails ! Mais, n’est-ce pas que « l’essentiel » a été
fait, la loi de finances a fait les affectations de ressources et assumé le
déficit. L’an 2013 peut se terminer sans risque, sans vagues. Quand à 2014, on
avisera ! Dans aucun pays au monde on n’aura vu l’approche d’une élection
aussi « décisive » arriver dans un calme aussi obscur. Pas de
candidats déclarés, pas de lièvres déclarés. Rien. Le vide. Il y a bien ces
ministres qui font du zèle sans savoir où va le vent et qui promettent un métro
là il suffit de réveiller un vieux chemin de fer. Ah, bien sûr, il y a ce match
qu’on a vu sur l’ENTV malgré la « méchante » Jazira qui a acheté les
droits sur « notre » propre match ! Aussi incompréhensible pour
notre égo que l’entrée de Lafarge en Algérie par la Bourse sans passer le
Conseil national de l’investissement ou les grands décideurs ! On peut en
sourire ! Il faut s’en inquiéter. Car ce vide qu’on essaye de remplir de riens
n’est que l’expression du décalage monumental dans lequel l’Algérie est dangereusement
enfermée !
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