Le Maghreb : cinquante ans d’attente
Le Maghreb est en attente depuis, au moins, cinquante ans. La conférence de Tanger du 27 avril 1958 qui a regroupé les partis nationalistes maghrébins, l’Istiqlal marocain, le Néo-Destour tunisien et le FLN algérien, a donné un contenu à l’idéal maghrébin. Le journal Le Monde titrait : «
Le pari perdu de l’UMA
19 ans après cet évènement historique de Marrakech, l’Union Maghreb est moribonde, très loin de l’esprit visionnaire de Tanger. Le pari sur une dynamique maghrébine qui transcenderait le problème du Sahara Occidental est perdu. Le niveau des relations entre les deux plus grands Etats du Maghreb, l’Algérie et le Maroc, n’est pas même pas « normal ». La question du Sahara Occidental a été, coté marocain, un ferment du renouveau de la sainte alliance nationaliste autour de la monarchie. A quelques rares exceptions, comme le mouvement d’extrême gauche, les forces politiques marocaines ont de la récupération des « provinces du sud » une question nationale vitale. L’idée d’une séparation entre la question du Sahara Occidental et la construction de l’Union Maghreb s’est heurtée rapidement à l’approche marocaine. Les choses se dégraderont davantage en 1994 à la suite de l’accusation, infondée, lancée par le Maroc à l’encontre des services algériens au sujet de l’attentat de Marrakech. Le Maroc a instauré le visa pour les Algériens, l’Algérie a répondu par l’instauration du visa et la fermeture de la frontière terrestre.
Le coût du non-maghreb
Quand rien ne va entre les deux pays les peuplés du Maghreb, la machine ne peut que se bloquer. Il est devenu pratiquement impossible de réunir un Sommet de l’UMA, le dernier a eu lieu à Tunis les 2-3 avril 1994. Un sommet prévu en 2005 à Tripoli a été reporté à la dernière minute. Aujourd’hui, cinquante après, on ne peut que constater que les difficultés de la construction du Maghreb sont liées à celle de la démocratie. Alors que les pays maghrébins ont signé, dans la dispersion, des accords d’association avec l’Union Européenne, les échanges économiques entre maghrébins peinent à dépasser les 3% des échanges extérieurs de chacun des pays concernés. Des économistes ont fait des calculs sur le coût du non-maghreb : une perte de 1 à 2% de croissance par an pour chaque pays. Certains estiment que le manque de croissance atteint 3%. Pour avoir une idée de l’ampleur du manque, il faut savoir que 1% représente plus de 10 milliards de dollars de valeur ajoutée par les pays maghrébins.
Ahmed Selmane
27 avril 2008
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